« Et si on jardinait nos rues ? »
Samedi 6 juillet, une cinquantaine d’habitantes et habitants ont déambulé dans les rues de Cadenet au cours d’une balade animée par un paysagiste. Ce temps de rencontre et de discussions, organisé par l’association Cadenet@Avenir, avait pour but d’échanger sur le thème de la végétalisation et plus largement sur la place accordée à la nature en ville. Les pistes d’actions évoquées et idées recueillies permettront de contribuer collectivement au sondage proposé par la commune sur le sujet.
Compte-rendu de la balade du 6 juillet 2024 organisée par l’association Cadenet Avenir
La balade a démarré après un bref rappel de la démarche.L’association envisageait depuis un certain temps de mettre en place une animation pour échanger sur le sujet de la végétalisation des rues et espaces publics du village. Le végétal comme élément du vivant dans notre environnement et pour ses bienfaits : ombrage et rafraîchissement de l’air, interception de l’eau de pluie, refuge pour la biodiversité, embellissement, filtration des polluants… Mais aussi élément contre le réchauffement climatique. Cette balade, encadrée et enrichie par les compétences d’un paysagiste, va permettre pour celles et ceux qui le souhaitent de répondre de manière plus éclairée au sondage lancé par la mairie.
Le groupe composé d’une cinquantaine de personnes, équipé d’un plan à compléter (pastilles vertes à coller quand on peut intervenir sur un lieu) et d’un thermomètre infrarouge est parti du parvis de l’école et a marqué plusieurs arrêts.
- Le parking sous les terrains de tennis
Le sol est entièrement imperméabilisé, sans végétation. Un relevé est fait avec le thermomètre infrarouge pour montrer l’effet d’albédo, cette capacité d’une surface à réfléchir le rayonnement solaire. Plus la surface est sombre, plus l’albédo est faible et plus la température est susceptible d’être élevée. Ici 8°C d’écart entre le goudron et les bandes blanches.
> Des améliorations possibles : mettre des arbres sans supprimer les places de parking, mettre des matériaux alternatifs au sol laissant passer l’eau et enrichir la matière organique du sol, cycle vertueux pour l’eau.
Proposition : ne pourrait-on pas végétaliser le grillage de clôture le long des terrains ?
Chaque projet engagé doit être une opportunité pour agir et faire évoluer l’existant.
- Place Mirabeau
Le pied des arbres est entouré d’une résine synthétique jusqu’au tronc. Dans le temps cette matière se colmate et devient imperméable. La même chose a été faite aux arbres du boulevard de la Liberté.
> Pourrait-on y mettre du gravier ? Plusieurs solutions possibles. A Cucuron par exemple, ce sont des copeaux de bois, beaucoup plus naturels et moins coûteux, qui ont été mis en place. Des grilles en métal ou un platelage en bois peuvent être aussi installés.
La problématique de l’élagage, qui ne fait pas du bien aux arbres contrairement à ce qui se dit régulièrement, est abordée. Cette pratique, devenue systématique, n’est absolument pas utile quand l’arbre ne pose pas de problème pour le voisinage. Il est tout à fait possible, quand c’est nécessaire, de pratiquer des tailles douces juste pour diriger, accompagner le port de l’arbre. D’ailleurs nous remarquons que les feuilles des platanes sont malades et peu développées, ce qui indique que les arbres sont fragilisés. Une conversion en port libre ou semi-libre pourrait être envisagée. Cela n’est toutefois pas toujours possible dans la mesure où certains arbres âgés qui sont élagués depuis plusieurs décennies ne sont plus en mesure de supporter le poids de branches très touffues car leur structure est fragilisée.
> Ce qui peut être envisagé : dresser un inventaire de notre patrimoine arboré, assurer un suivi sanitaire régulier et mettre en place un plan de gestion pour l’entretien de nos arbres. Il est possible aussi d’intervenir rapidement sur la désimperméabilisation du pied des arbres.
- Place de la Plaine
Ce petit espace qui a été conservé et aménagé avec un banc, a un sol totalement artificialisé. De cet emplacement, et à l’aide d’anciennes photos du village, le constat est fait qu’une réduction du parc arboré du village a été engagée au fil du temps. Pour éviter la suppression d’arbres, dont le choix initial est parfois inadapté, il est essentiel de planter le bon arbre au bon endroit, en anticipant son développement futur et en lui offrant toutes les conditions nécessaires pour y parvenir. Il est par ailleurs essentiel d’avoir des équipes formées et compétentes sur le sujet.
- Rue Pasteur
Le choix de cette rue pour montrer un bel exemple de l’implication des habitant.e.s qui ont fleuri leur pieds de porte ou façade, en pots principalement faute d’avoir accès à la pleine terre. A cette occasion, nous parlons de la démarche des permis de végétaliser qui peut être mise en place et validée sur toute la commune avec des partenariats à déterminer et une charte pour éviter les dérives. Ce permis pourrait inciter plus largement les Cadetien.nes à se saisir de cette opportunité. Des expériences similaires existent dans plusieurs communes.
> Question : quand on est locataire ? Si les plantes sont en pots ce n’est pas un problème car ils peuvent être enlevés. Si c’est la façade : demander l’accord du propriétaire.
Le lien avec la commune doit être étroit pour déterminer les modalités d’occupation de l’espace public, pour poser des règles afin d’éviter tous problèmes.
Ont été évoqués : le souhait de végétaliser la fontaine du bas de la rue, de réfléchir à des voûtes végétalisées au-dessus de rues, d’adapter le choix de la palette végétale pour maîtriser les besoins en eau.
- Place Kennedy
Cet espace public est en friche. Le parking est entièrement imperméabilisé.
> On peut améliorer sans toucher les places de parking en décroûtant l’enrobé, en restaurant les murets pour éviter les éboulements, en végétalisant …. Un espace accessible au public peut être envisagé. L’idée d’un chantier participatif d’habitant.es est évoquée.
On a appris la règle des 3 /30 /300 : certaines communes se sont fixées comme objectif que chaque habitant doit voir depuis chez lui au moins 3 arbres, avoir 30% de couverture arborée à l’échelle de son quartier et être situé à moins de 300 m d’un espace de nature (square, jardin, parc, …).
- Place de l’Horloge
Le platane a été élagué alors qu’il est planté de manière à ne pas gêner, on peut donc le laisser pousser.
> Il serait bon de décroûter son pied.
Les platanes sont très présents sur la commune et il serait préférable de diversifier systématiquement les variétés et essences d’arbres pour lutter contre les nuisibles, les maladies et s’adapter au réchauffement climatique. Les arbres à feuillage caduc sont plus aptes à donner de la fraîcheur par évapotranspiration.
Une idée pour « canaliser » et stériliser les pigeons : monter des pigeonniers pédagogiques. L’effarouchement avec des rapaces a également été évoqué comme solution. Pourrait-on mettre des fruitiers ? C’est possible, mais ils demandent plus d’entretien lié à la production des fruits.
- Rue du 8 mai 1945
Les arbres plantés sont de différentes essences ce qui est une bonne chose. Leur pied devait initialement être recouvert d’une résine synthétique. La mobilisation des habitants a permis qu’ils soient finalement végétalisés. Tout comme les fosses de plantation des arbres, les jardinières ont été ceinturées de bordures ce qui ne permet pas à l’eau de pluie de s’y infiltrer et cela réduit leur emprise. Les plantes vont-elles avoir assez de substrat pour s’y développer ? Sur les nouvelles places de parking, on aurait pu penser à un revêtement de sol alternatif, plus perméable, lorsque cela est possible.
D’autres solutions sont possibles pour empêcher le stationnement sur les espaces végétalisés comme des potelets en bois et cela revient moins cher. Tout laisser à niveau permet aussi une meilleure circulation des poussettes ou fauteuils roulants. Les bureaux d’études sollicités pour la conception de ce type de projet sont bien souvent spécialisés pour la voirie et les réseaux. Il serait préférable de faire appel à des équipes pluridisciplinaires comprenant les compétences d’un paysagiste pour une meilleure prise en compte du vivant, et de la qualité des aménagements.
Le talus communal, en contre bas à droite des marches, semble inachevé ? L’érosion et le ruissellement pourraient poser problème ?
- Rue Félicien David
Des composteurs collectifs ont été installés, dès 2021, par une groupe d’habitant.es qui l’utilisent régulièrement. Cette initiative s’est poursuivie par la végétalisation des espaces délaissés aux abords. Différentes plantes ont été mises en terre. Les lieux sont respectés et restent propres.
Il est souhaitable que la gestion des espaces de nature ne soit pas assimilée qu’à du nettoyage pour « faire propre », mais qu’elle soit adaptée et différenciée en fonction de la typologie des espaces et de la végétation. De plus, il y a des périodes de l’année où il est essentiel de ne pas intervenir pour le bon équilibre des écosystèmes. La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) recommande ainsi par ce slogan « Le mieux à faire, c’est de ne rien faire » pour ce qui est de la taille des arbres et des haies entre le 16/03 et le 31/08.
- Les Ferrages
Tout le long de cette rue, côté plaine, il y a la possibilité de plantations diverses (hautes, couvre sol…) à l’image de l’alignement de platanes qui existait jusque dans les années 1930. Les places de parking pourraient être aménagées avec un revêtement alternatif. La chaleur y serait moins écrasante.
- Autres lieux
D’autres propositions sont faites par le groupe. Pour la place du 14 juillet, l’élagage pourrait être travaillé pour diriger les arbres vers le haut. Place Carnot, le souhait de végétaliser la fontaine par le haut, de rajouter un arbre et de désimperméabiliser le sol pour avoir des espaces en pleine terre et repenser l’organisation du parking.
Un constat : l’espace laissé pour l’installation d’un composteur collectif à l’extrémité de la rue du 8 mai 1945 est trop petit.
Deux petits guides du Parc Naturel Régional du Luberon « Le végétal et votre maison » sont présentés (en téléchargement gratuit sur le site internet ou en vente à la maison du parc), ils proposent une palette végétale adaptée au territoire.
La balade se termine à la Fête de la vannerie et au final 19 pastilles vertes collées sur le plan : autant de projets possibles. Cette première étape pourra être suivie d’un autre rendez-vous pour continuer à réfléchir sur ce sujet et aller plus loin.
Annexes :
- Accès à la carte du parcours de la balade et des lieux identifiés par les participants pour développer la végétalisation : https://www.cadenet-avenir.fr/wp-content/uploads/2024/07/Carte-parcours-balade.pdf )
- Accès à la bibliographie et ressources : https://www.cadenet-avenir.fr/wp-content/uploads/2024/07/Bibliographie-et-ressources-v2.pdf